La poule courait depuis un certain temps déjà Elle n'était pas encore à son régime maximum Les plumes au vent, elle était grisée par sa vitesse Pleine d'énergie, gorgée de jeunesse, elle fonçait droit devant.
Quand elle passait dans la basse cour Elle sentait que le coq était fier d'elle Sa famille aussi probablement, il lui disait l'œil en coin: C'est toi qui cours la plus vite, tu iras loin !
Motivée par tant de reconnaissance, elle accéléra encore Avec l'expérience, sa technique devenait meilleure Elle sentait qu'elle tenait la distance Sa vie était si intense, elle en pleurait de bonheur !
Elle n'avait jamais de temps, ni pour elle ni pour les autres Difficile de faire autrement quand le devoir vous appelle Elle avait des responsabilités, elle Alors, elle courait, courait, courait toujours vers l'avant.
Un jour, la poule sentit qu'il lui poussait des ailes Comme la basse cour était pleine, elle accéléra encore, C'était son jour de triomphe, elle en était certaine Jusqu'à ce qu'une poulette dispute son record.
La poule ne se laissa pas faire, appuya sur le champignon Mais il n'y eut rien à faire la jeunette restait devant. Quand elle vit le regard du coq pour la poulette La poule s'arrêta brusquement.
Epuisée par une course si longue, elle baissa son regard à terre Et pour la 1ère fois vit la marque au sol de sa propre carrière Ce n'était pas une ligne droite mais des courbes enchevêtrées Où finalement le départ était très proche de l'arrivée.
Prise par la vitesse, grisée par son ego Elle avait sacrifiée pour un rêve de puissance Sa vie, sa famille... tout ce qui a de l'importance. Son parcours - elle le réalisait - n'avait eu aucun sens.
La vitesse est dangereuse quand elle masque le vide Soigner son trajet, c'est être plus lucide Si au moindre petit arrêt, votre monde s'écroule C'est que vous suivez...une trajectoire de poule.
|