L’écureuil vit sur un grand noisetier exposé au soleil (avec vue sur la mer). Ses journées se déroulent tranquillement : il court de branche en branche, cueille des noisettes et le soir s’endort paisiblement dans sa petite cavité. Sa vie s’écoule en accord parfait avec la nature.

Un jour, lors d’une promenade, il découvre par hasard une cachette secrète gorgée de victuailles. Il n’en a pas besoin - mais n’apercevant pas le propriétaire - Il décide de tout garder.

Après de multiples allers-retours, les graines sont enfin entassées chez lui. Il a à peine la place de rentrer. Il y en a partout, aux murs, au plafond, difficile de respirer. Son nid qui était si douillet autrefois, est devenu tout étriqué.

Ne pouvant malgré tout se résoudre à se défaire de ses richesses, il décide de les manger. L’écureuil grossit, grossit, grossit tellement, qu’il ne peut plus bouger.

Sa vie n’est plus la même. Alors qu’autrefois il volait de branche en branche, le voilà bloqué chez lui, condamné à regarder la nature par la fenêtre .

Son butin qui semblait être une aubaine ne lui avait apporté que de la misère.  Trop riche, trop obèse, il regrette alors l’époque du juste nécessaire où il courait dans les arbres avec agilité.

N’en pouvant plus de manger, malheureux de passer la journée assis sur son derrière, il finit par saisir quelques vivres et les jette à terre pour s’en débarrasser.

Il observe alors un étrange phénomène : des insectes utilisent des coquilles pour y déposer leurs œufs, des fourmis transportent sur leur dos de quoi nourrir leurs congénères, le vent emporte quelques graines pour donner naissance à de nouveaux arbres fruitiers... Comment un geste qui lui a tant coûté peut-il générer tant de richesses ?

L’écureuil regretta alors son manque de sagesse et comprit que le plus important n’est pas d’accumuler. Le bonheur ne vient pas de ce que l’on possède mais de ce que l’on est et de ce que l’on a à donner.